Par DUFOURT HUGUES. Dawn Flight est le titre d'une toile que le graveur et peintre britannique Stanley William Hayter (1901-1988) réalisa en 1959. Sa formation scientifique - chimie, géologie - son habileté mathématique furent un atout considérable dans ses recherches de matières et de couleurs, qui peuvent atteindre des tons fluorescents. Hayter, qui fut l'une des premières figures du mouvement surréaliste, s'engagea à New York sur les voies de l'abstraction, aux côtés de Pollock, Rothko, Baziotes, Matta, Motherwell, De Kooning, Riopelle. Il est reconnu comme celui qui a révolutionné les techniques de la gravure au cours du XXe siècle. Il inventa le procédé qui permet d'obtenir plusieurs couleurs sur une même plaque en un seul passage. Rentré en 1950 à Paris, il expérimente de nouvelles techniques de gravure: empreintes, utilisation de l'acide sur le métal et surtout le burin multipointe. Il poursuit une recherche sur l'émergence des formes, sur la transparence, l'interférence, la vibration, les moires. Ses toiles intensifient la couleur, le dynamisme gestuel, et s'attachent sur la fin à capter les jeux de lumière à la surface de l'eau. Dawn Flight est construit sur un éventail d'obliques divergentes, remontant la diagonale, illustrant ainsi le paradoxe d'un flux ascendant, aspiré par le haut. La forme étirée et allongée des stries, la torsion intime de la trame, la tension paradoxale des entrelacs donnent le sentiment d'une réalité élémentaire, de l'aurore d'un monde. La production de Hayter à cette époque - Perseïdes, Poissons volants, Vague, Ixion, Cascade, Mérou, Méduse, Night - montre d'étranges associations de bleu et de noir, d'orange, de jaune transparent, de bleu et de vert. Frank Stella et Donald Judd comptent parmi les artistes qui ont le plus radicalement récusé l'idée d'un procès formateur de l'art, évacuant l'idée même de nécessité intérieure, voire de composition formelle. Transparence, profondeur, épaisseur, rayonnement ne seraient que des catégories factices tirées d'une illusion d'intériorité et l'idée même de progression structurée ne serait que l'effet d'une tyrannie du dedans. Qu'en est-il du quatuor qui fut la construction par excellence de l'intériorité, l'exemple même d'une logique compositionnelle épurée et réduite à la forme essentielle d'un développement ? Ecrire un quatuor après Donald Judd est-il encore possible ? Car il ne suffit pas de se confronter à l'histoire d'un genre, mais à la question de sa possibilité. L'idée même d'un dynamisme des voix a-t-elle encore un sens ? Et celle d'un tout dont les parties sont solidaires ? On n'osera même plus parler de texture, car il s'agit encore d'une forme interne, de l'expression d'une cohérence intérieure. Ecrire un quatuor pourrait signifier le retour à une réflexion sur les formes fondamentales du mouvement - comme l'attraction, la répulsion, l'inclusion ou la pénétration. Ou encore sur ce que signifient des gestes comme briser, couper, déchirer ou fendre. Ce serait aussi revenir sur ce qu'est une interférence de fluctuations, sur la plasticité, ou au contraire la tension désordonnée. A moins de supprimer le quatuor, il faut bien convenir qu'il est à l'image du tissu, d'une continuité ininterrompue, d'un entrelacs de fils et qu'il s'agit de l'oeuvre humaine par excellence: écrire un quatuor c'est renouer le fil. Froisser, tordre, déplier, déployer, dérouler, tels sont les exigences primordiales du quatuor, que l'on dit parfois soyeux ou moiré. Judd et ses contemporains ont rendu caduque l'idée qu'une oeuvre puisse formuler et suivre des règles explicites, assurer la conservation d'une forme dans une certaine série de transformations. Dans cette vue, la pensée musicale serait alors rendue à un état d'instabilité, de glissement perpétuel. Mais elle pourrait alors trouver peut-être de nouveaux schémas de connexion, et attribuer un sens original à l'idée de processus orienté, en lui donnant la forme d'un devenir global et unique, sans répétitions. La musique récente sait susciter l'émergence de propriétés inédites et s'absorber dans la réalité supérieure qu'elle suscite: elle n'est pas tant l'imagination des possibles que l'articulation des moments de l'expérience. Revenir à Hayter, ce serait se concentrer sur une topologie concrète d'intervalles et de liaisons, penser la musique comme flux, modulation, émergence perpétuelle, lumière illocalisable, masse en essor ou tournoiement sans prise. Ce sont là quelques bonnes raisons d'écrire un quatuor. Hugues Dufourt / contemporain / Date parution : 2008-06-24/ Répertoire / Quatuor à Cordes

Les volumes de cette nouvelle série contiennent des duos , trios et quatuors , leur degré de difficulté allant de facile à travers intermédiaire à avancé . Chaque pièce est une transcription ou un arrangement, puisque dans l'édition des volumes notre principale préoccupation était de fournir une collection de compositions intéressantes et utiles , comme variable sous la forme possible en ce qui concerne l'instrumentation , pour les élèves des écoles de musique et aussi pour les adultes qui font de la musique pour leur propre plaisir . La gamme et la hauteur des pièces permettent les travaux à exécuter sur n'importe quelle combinaison requise ou possible des instruments proposés . Niveau avancé Quatuors propose de véritables friandises ( Mazurka de Chopin , Träumerei de Schumann ) . Les difficultés techniques et musicales ne dépassent pas le niveau d'un musicien amateur bien formés et expérimentés , et les possibilités de luxe de variations dans les modalités de quatre parties pour les différentes familles d'instruments (cordes , vents, percussions ) proposent de la musique collective prise pour homogène ou ensembles mélangés . Caractéristiques spéciales sont Polka d'Anna par Johann Strauss Jr. et Ragtime de Joplin , qui enrichissent le répertoire de musique de chambre avec la nouvelle couleur . / Quatuor

Harmonische Fantasie über ein Thema von Tallis. Par KNOX GARTH. Thomas Tallis (1505–1585) was one of the great figures of English Renaissance music and the Third mode melody is probably his best known work, largely thanks to Vaughan Williams’s Fantasia on a theme by Thomas Tallis. In the manner of an illuminated manuscript, I wanted to illuminate this fascinating theme in three ways: from behind with medieval techniques like the ‘hoquetus’ passage of the opening or the dance at letter B, from in front with more contemporary sounds (letter A and similar), and from above with the extensive use of high harmonics. Almost all the notes of the theme fall very neatly on the ‘natural’ harmonics of the viola strings, and my ambition was to combine the ‘normal’ notes of the viola with its soaring harmonics, creating a rich luminous soundscape which reflects the spirituality of the theme. Tallis’s melody returns repeatedly to the note B, and I interpreted this as a gentle invitation to simply be, in the sense of quiet moments of mediation. I decided to include a series of still points in the piece: the first one is in silence, the second reveals a note (B) that oscillates in a harmonic heartbeat, the third is a vibrating chord of B with harmonics, and on the last one the second viola tunes down the C string to B, then explores all the natural harmonics of this new world. The term still point is of course a reference to the words of T.S. Eliot in his Four Quartets: 'At the still point of the turning world. Neither flesh nor fleshless; Neither from nor towards; at the still point, there the dance is.' (Garth Knox) / Date parution : 2024-01-06/ Répertoire / 2 Altos