Andrea Luca Luchesi est un compositeur italien, né à Motta di Livenza, dans la province de Trévise, en Vénétie le 23 mai 1741 et mort à Bonn, le 21 mars 1801.
Le compositeur et musicologue Jean-Benjamin de La Borde écrivait vers 1780 au sujet de Luchesi: "Il jouit d'un avantage bien rare parmi les Italiens, c'est que ses symphonies sont recherchées et applaudies en Allemagne" 2. Or, non seulement ses symphonies mais la plupart des œuvres qu’il a écrites paraissent s’être volatilisées pendant presque deux siècles. Ces dernières années, des recherches de musicologues ont apporté de plus en plus de preuves à l’hypothèse que cette disparition était due à une combinaison de faits et coutumes du xviiie siècle et d’une tentative organisée d’effacement.
Pour ce qui est des coutumes, par exemple, la cession par un compositeur à un acheteur d’une œuvre avec le droit pour l’acheteur de l’utiliser comme sienne était d’usage assez courant. Luchesi à partir de 1763 délivra plusieurs travaux au prince Esterházy ou directement à Joseph Haydn. Pour ce qui concerne l’activité d’un Kapellmeister, l’usage voulait qu’il écrive gratuitement des travaux pour la chapelle, conservés comme œuvres anonymes, attribuées à son nom après la fin de son mandat (pour démission ou décès). Luchesi respecta formellement la règle, car on ne trouve pas de travaux à son nom après 1774 (avec quelques exceptions, comme pour la visite à Venise). Enfin, certains éditeurs n’hésitaient pas à publier des œuvres sous le nom de compositeurs qu’ils croyaient plus rentables, au lieu du nom du véritable auteur.
Pour ce qui est des faits: au moment de la nomination de 1774 il y eut très probablement un accord entre Luchesi et l’Electeur Maximilian Friederich, aux termes duquel Luchesi pouvait (en dehors de ses devoirs de composition pour la chapelle) faire circuler des œuvres, sous le nom de Ferdinand d’Anthoin (son beau-frère) ou de Haydn, qu’il pouvait vendre librement. En 1784, le successeur Max Franz essaya de remplacer Luchesi par son ami et protégé Mozart, mais sans succès. Luchesi dut toutefois apparemment négocier un nouvel accord, sous lequel les travaux ‘hors chapelle’ devaient être fournis sous le nom de Mozart. Le nom de Ferdinand d’Anthoin réapparaîtra entre 1791 et la fin de 1793 (dates de décès de Mozart et de d’Anthoin, respectivement).
Max Franz voulut aussi un inventaire des archives musicales de la cour de Bonn. Neefe le termina au début de mai 1784, juste avant le retour à Bonn de Luchesi. En octobre 1794, les archives furent transportées au château de Bad Mergentheim juste avant l’arrivée des troupes françaises. Finalement, une grande partie de ces documents arriva à la bibliothèque (Biblioteca Estense) du duc de Modène vers 1836.
L’Electeur Max Franz, qui était le frère de l’Empereur, et l’entourage impérial avaient tout intérêt à soutenir que désormais le nouveau centre de rayonnement musical était lié aux Habsbourg et à leur capitale. Pour ce faire très vraisemblablement on développa l’idée d’exagérer les mérites de ‘géants musicaux’ (comme Joseph Haydn, Mozart et plus tard Beethoven) à présenter comme presque autodidactes et dont le génie se serait épanoui dans les alentours de Vienne, ceci au détriment de compositeurs étrangers. Cette interprétation se trouve évidemment à l’opposé de la présentation traditionnelle de l’histoire musicale de la période dite classique. On n’a pas trouvé par ailleurs de meilleure explication à la tentative d’effacement de Luchesi de l’histoire musicale, tentative dont les musicologues sont en train de découvrir de plus en plus de traces.
L’archive personnelle de Luchesi a aussi disparu, peut-être dispersée après son décès. (Retracter)...(lire la suite) Source de l'extrait biographique : Wikipedia