Grand représentant, aux côtés de Luca Marenzio et Monteverdi, du madrigal italien de la Renaissance, Carlo Gesualdo, né le 8 mars (?) 1566 (?) et mort le 8 septembre 1613, a marqué l'histoire de la musique, tant par sa vie excessive que par ses compositions, parmi les plus innovantes de cette période. Son père s?entoura d?une sorte d?académie musicale, constituée entre autres des musiciens Dentice et Filomarino, et des théoriciens Effrem, Nenna, et Macque. Carlo Gesualdo fut ainsi initié dès son plus jeune âge à la musique - notamment au luth et à la composition - et en devint vite obsédé. Il composa tout d?abord sous le pseudonyme de Gioseppe Pilonij, mais la reconnaissance de son talent, et l?intérêt porté par le public, eurent raison de son anonymat.
Son rang et les liens de sa famille avec l?Église lui permirent de mener sa vie et ses compositions, pour le moins originales et dérangeantes, sans aucune forme de censure et en toute impunité. Ses compositions sortent des canons de l?époque, car Gesualdo n?avait à plaire à personne d?autre qu'à lui-même, ce qui donna au final l?une des ?uvres les plus originales, étranges et surprenantes de la Renaissance.
Gesualdo est cependant un compositeur « traditionnel ». À la différence de Monteverdi, son contemporain, véritable charnière entre Renaissance et Baroque, considéré comme le père de l?opéra, chez lequel on voit, par exemple, une révolution entre les premiers livres de madrigaux, a cappella, et les derniers, au style déconcertant (qui n?ont pour tout dire plus aucun point commun avec les premiers), Gesualdo n?a pas modifié les formes préexistantes. Il a composé à la manière vieillissante de l?époque, mais avec un style très personnel, reflétant sa personnalité exacerbée : riche en chromatismes, en dissonances et en ruptures rythmiques et harmoniques.
Gesualdo mettait un grand soin dans le choix des textes de ses madrigaux, qui ont souvent un lien avec les épisodes de sa vie. Il trouvait les poèmes à illustrer chez Le Tasse, par exemple, son ami, excessif et passionné comme lui, à qui il doit neuf madrigaux, et qui finira fou. Sa musique colle au texte, l?accompagne, et peut passer d?un extrême à l'autre (de la lumière à l?obscurité, de la joie à la tristesse, avec les changements adéquats au niveau de l'harmonie, du tempo) en quelques notes, si le texte l'exige - ce qui est à l'opposé des goûts de l'époque, où les mélodies se devaient principalement d?être belles, et pouvaient se plaquer sur n?importe quel texte (ou presque.).
Gesualdo a également puisé dans les textes de Giovanni Battista Guarini.
N?étant nullement tenu de composer de la musique religieuse, du fait de son rang et de ses protections, on pourrait s?étonner, après avoir lu l?histoire de sa vie, si éloignée de celle attendue d?un croyant, et après avoir écouté ses ?uvres profanes, si sensuelles, de trouver des ?uvres sacrées au catalogue de Gesualdo. Leur existence ne peut s?expliquer que par un besoin, un choix personnel, Gesualdo étant aussi passionné dans ses amours profanes que dans son amour de Dieu.
Des ?uvres sacrées de Gesualdo :
deux livres de Sacræ Cantiones (cinq à sept voix);
des Respons des Ténèbres pour la semaine sainte;
quatre Motets à Marie.
Les madrigaux de Gesualdo, au contenu sensuel contrastant avec sa musique sacrée, sont à l'origine de sa postérité. On distingue ses quatre premiers livres de madrigaux à cinq voix, à l'écriture conventionnelle et au style proche de ceux de Marenzio et du premier de Monteverdi des ?uvres ultérieures où abondent harmonies inhabituelles, chromatismes et figuralismes. Citons entre autres :
six livres de madrigaux à cinq voix (1594-1611);
un livre de madrigaux à six voix, posthume (1626).
Les regards portés sur Gesualdo ont grandement changé au cours du XXe siècle. De compositeur marginal, déséquilibré, dont la musique sombrait petit à petit dans l?oubli, il accéda pour certains à un statut de visionnaire, le premier 300 ans avant Wagner et les post-romantiques à faire un usage important de chromatismes et de dissonances, tout en étant un précurseur des modernes par son utilisation de contrastes extrêmes et de ruptures rythmiques inhabituelles.
Gesualdo a inspiré certains grands compositeurs du XXe siècle ainsi Alfred Schnittke a écrit un opéra sobrement intitulé Gesualdo traitant de la vie de ce dernier alors que Stravinski a quant à lui composé un Monumentum pro Gesualdo à son honneur.
Enfin, Anatole France évoqua le meurtre de la première femme de Gesualdo dans Le Puits de Sainte-Claire (1875), sa vie fut ensuite romancée dans Le Témoin de poussière de Michel Breitman (prix des Deux-Magots 1986) et racontée dans Mort à cinq voix docu-fiction réalisé par Werner Herzog en 1995.
Il faut aussi mentionner l'opéra de Salvatore Sciarrino, Lucia de Lammermoor. (Retracter)...(lire la suite) Source de l'extrait biographique : Wikipedia