Gabriel-Charles De Lattaignant (1697 - 1779) France
Gabriel-Charles de Lattaignant (ou L'Attaignant) est un chansonnier et poète français, né vers 1697 à Paris où il est mort le 10 janvier 1779.
Oeuvres
Lattaignant a composé des opéras-comiques, des cantiques spirituels, des poésies profanes le plus souvent légères et frivoles, des épigrammes, des pamphlets politiques (comme Voltaire dont il est contemporain et admirateur), des lettres et des chansons, parfois très libres et estimées en son temps puisque Bachaumont l'appelle « le grand chansonnier »[3].
D'une abondante production, il nous reste la comptine enfantine, encore chantée de nos jours, dont il n'est pas vraiment l'auteur mais à laquelle en 1760 il a ajouté huit couplets : J'ai du bon tabac dans ma tabatière.
La dernière strophe raille :
Ce bon Monsieur de Clermont-Tonnerre
Qui fut mécontent d'être chansonné
Pour avoir écrit des vers peu élogieux à son encontre, l'abbé manque, en effet, de se faire rosser. Prévenu à temps, il évite la bastonnade et c'est un autre chanoine de Reims qui reçoit la correction à sa place ! C'est pour se venger du comte que l'ecclésiastique compose ce couplet qu'il termine par le refrain :
J'ai du bon tabac dans ma tabatière
J'ai du bon tabac, tu n'en auras pas
Il refuse ainsi à Clermont-Tonnerre la plus élémentaire des marques de courtoisie : une prise de sa tabatière ; car le tabac est alors très en vogue.
Parmi ses poésies galantes, Le Mot et la Chose est vraisemblablement l'une des plus célèbres.
Biographie
Comme cadet d'une famille aristocratique[2], Gabriel-Charles de Lattaignant fut destiné à l'état ecclésiastique, comme le rappelle un couplet rageur de la célèbre chanson J'ai du bon tabac, qui lui est en partie attribuée :
Un noble héritier, de gentillhommière
Recueille tout seul un fief blasonné
Il dit à son frère puîné
« Sois abbé, je suis ton aîné ! »
Quoiqu'il fût complètement dépourvu de vocation, on le mit au Séminaire des Bons-enfants, dont il sortit avec seulement le petit collet, qui lui donnait toutefois le titre d'abbé, comme Grécourt ou Voisenon.
Il accompagna, en qualité de secrétaire, le comte de Cambis lorsque celui-ci fut nommé ambassadeur à la cour de Turin. Revenu à Paris, il y poursuivit une carrière de chansonnier. Il était reçu dans les meilleures maisons, mais s'encanaillait aussi dans les cabarets, finissant souvent la soirée sous la table en entonnant un de ses couplets grivois ! « J'allume mon génie au soleil et je l'éteins dans la boue », disait-il volontiers. Quoique pourvu d'un visage disgracieux, il s'adonnait aussi avec passion à la galanterie.
Vers la quarantaine, il fut tout près de se marier avec une jeune fille de seize ans. Mais le projet avorta et Lattaignant se résigna au sacerdoce : il obtint un titre de chanoine de Reims en 1743 et fut ordonné prêtre deux ans plus tard. À Reims, il fut en grande faveur auprès de l'archevêque, Mgr de Rohan-Guéméné, qui le prit pour secrétaire.
Nommé conseiller à la chambre souveraine du clergé, il revint s'établir à Paris où il reprit sa joyeuse vie. Mais, l'âge venant, il décida de faire une fin et se retira en 1769 chez les Frères de la doctrine chrétienne. Il composa alors quelques pièces plus sérieuses, comme celle justement intitulée Réflexions sérieuses. Non sans avoir composé une dernière chanson en l'honneur de Voltaire, qu'il admirait, à l'occasion de son retour à Paris (1778), il mourut peu après son grand homme en 1779. (Retracter)...(lire la suite)