Johann Christoph Graupner, né le 13 janvier 1683 à Hartmannsdorf, mort le 10 mars 1760 à Darmstadt, est un claveciniste et compositeur allemand de musique baroque contemporain de Johann Sebastian Bach, Georg Philipp Telemann et Georg Friedrich Haendel.
Sa vie
Né à Hartmannsdorf près de Kirchberg en Saxe, Graupner reçut sa première instruction musicale de son oncle, l'organiste Nicolaus Kuester. Il le suivit à Reichenbach. Graupner fit des études de droit, comme beaucoup de compositeurs de son temps, à l'université de Leipzig. Il acheva ensuite son éducation musicale sous la houlette de Johann Schelle, puis de Johann Kuhnau, titulaires successifs du poste de cantor de la Thomaskirche (l'église Saint-Thomas). En 1700, il partit pour Hambourg, fuyant l?invasion de la Saxe par les Suédois.
En 1705, il fut engagé comme claveciniste par l'opéra am Gänsemarkt de Hambourg, dirigé par Reinhard Keiser - Georg Friedrich Haendel y était alors violoniste. Il composa plusieurs opéras qui reçurent un accueil très favorable de la part du public : Didon (1707), Hercule et Thésée, Antiochus et Stratonice, Bellérophon (1708), Samson (1709).
Le landgrave Ernst Ludwig de Hesse-Darmstadt ayant entendu des ?uvres de sa composition lui proposa en 1709 un poste de musicien à son service. Dès 1711 il devint maître de chapelle de la cour. Cette même année, il épousa Elisabeth Eckardt, la fille d'un pasteur. En 1722, il fut candidat au poste de cantor de Saint-Thomas de Leipzig, poste auquel postulait également Johann Sebastian Bach. Son employeur l'incita à lui faire décliner l'offre, en lui proposant une augmentation significative de ses émoluments, qui étaient déjà importants. Les autorités de Leipzig durent se contenter d'engager Bach, convaincues d'avoir dû renoncer au meilleur...
Ainsi Graupner termina sa carrière au service de la cour de Hesse-Darmstadt. À la fin de sa vie, il fut atteint de cécité, tout comme ses prestigieux confrères musiciens, Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Haendel.
Il mourut en 1760 à Darmstadt, ville où il a passé la majeure partie de sa vie.
?uvres
Sa production musicale, qui est considérable, est conservée dans sa quasi-totalité à la Universitäts- und Landesbibliothek de Darmstadt; elle est encore en grande partie non publiée et attend d'être étudiée par les musicologues et musiciens. La gloire posthume de Bach à qui les autorités de Leipzig le comparèrent ne justifie pas de considérer Graupner comme un musicien de second plan, et, sa musique, au fur et à mesure qu'on la redécouvre, s'avère être de qualité. Assez injustement oublié depuis plus de deux siècles, ses contemporains le considéraient pourtant comme un des grands musiciens allemands de son temps, avec Bach, Telemann, Mattheson, Keiser, Fischer, Fasch, Heinichen et quelques autres. Une claveciniste et musicologue canadienne, Geneviève Soly, travaille à le faire sortir de l'oubli notamment par des publications, conférences, concerts et enregistrements.
Il composa de nombreux opéras jusqu'en 1719, date à partir de laquelle il se consacra à la musique religieuse et instrumentale. Il cessa de composer à partir de 1754, étant devenu aveugle. Sa production conservée comprend pas loin de 2 000 ouvrages :
1 418 cantates religieuses
24 cantates profanes
113 symphonies
44 concertos pour un ou plusieurs instruments
80 suites
36 sonates de chambre ou pour clavier
8 opéras
Il existe depuis peu un catalogue de son ?uvre instrumentale (GWV) édité par Carus-Verlag à Stuttgart. Il devrait être suivi d'un catalogue de son ?uvre vocale et lyrique.
Oubli
Après sa mort, Graupner est tombé dans l'oubli pour plusieurs raisons - jusqu'à tout récemment[Quand ?], son nom n'était cité qu'en souvenir de sa candidature sans lendemain au poste de Cantor de Leipzig qui devait échoir à Bach : on tenait pour acquis qu'il s'agissait d'un musicien de second ordre, que seule l'incompétence des autorités de Leipzig pouvait faire préférer à Bach et ceci, sans connaître sa musique.
Ses manuscrits ont fait l'objet de longues batailles juridiques entre ses héritiers et les gouverneurs de Hesse-Darmstadt. Une décision finale de cour a nié la propriété des manuscrits musicaux de Graupner. Les héritiers ne pouvaient pas vendre ou éditer ses travaux, qui sont demeurés inaccessibles. Depuis, le style musical a changé nettement, réduisant drastiquement l'intérêt envers la musique de Graupner. Toutefois, ses manuscrits ont survécu en totalité, ce qui n'est pas le cas, par exemple, pour les ?uvres de Bach. Un autre facteur qui a contribué à l'obscurité posthume de Graupner était qu' à la différence de Bach, Graupner a eu très peu d'élèves, autres que Johann Friedrich Fasch, à qui transmettre son héritage artistique.
Redécouverte
On observe actuellement une renaissance de la musique de Graupner, surtout grâce aux efforts de recherches de nombreux musicologues, interprètes et chefs d'orchestre. À partir des premières années du XXe siècle, Willibald Nagel s'est consacré à l'étude des symphonies de Graupner. Dans les années 1920, Friedrich Noack a publié ses recherche sur les cantates de Graupner. Dans les années 1950 Barenreiter a publié plusieurs symphonies de Graupner et une ouverture. Au début des années 1980, Myron Rosenblum a publié quatre symphonies dans le cadre de l'ambitieux projet de Barry Brook « The Symphony, 1720-1840: A Comprehensive Collection of Full Scores (New York: Garland, 1979-85) » en soixante volumes. En 1988, plusieurs études ont été publiées sur Graupner et ses ?uvres, par Oswald Bill, Peter Cahn (sur les sinfonias), Joanna Cobb Biermann (musiciens et salaires à Darmstadt), aussi bien que des documents sur la vie de cour à Darmstadt. Trois importantes thèses de doctorat ont ensuite relancé l'attention sur Graupner : par H. Cutler Fall's sur les cantates de Passion, par Rene Schmidt sur les cantates de Noël, et par Vernon Wicker les cantates pour basse solo. Christoph Grosspietsch a publié en 1994 une importante étude sur les ouvertures de Graupner. Mais en dépit de toute cette recherche, il y avait relativement peu d'enregistrements disponibles au grand public. Les choses ont commencé à changer en 1998, lorsque Hermann Max a enregistré des travaux de Graupner sous l'étiquette CPO. Ensuite, en 2000 la claveciniste canadienne Geneviève Soly a retrouvé un manuscrit de Graupner dans la bibliothèque Beinecke à Yale et a commencé à jouer et enregistrer les ?uvres de Graupner. En avril 2005, un catalogue thématique de la musique instrumentale de Graupner (ayant comme éditeurs Oswald Bill et Christoph Grosspietsch) a été édité par Carus Music. Des projets pour cataloguer la musique vocale de Graupner sont à l'étude.